CHINATOWN NE SUIT PAS LE MÉTRONOME DE BANGKOK.

Série : de 12 collages photographiques.

Titre : Chinatown ne suit pas le métronome de Bangkok xx

Date de création : Série réalisée entre 2017 et 2018

Genre : Photographies numériques en couleur.

Edition : x/3 pour les 60 cm, x/5 pour les 40 cm, x/7 pour les 20 cm

Support : Photo collage imprimé sur textile, le Tricotex.

Format : 60 cm de hauteur sur xx cm de longueur, contenant 3 photos fusionnées. Existe en hauteur 40cm et 20cm.

Prix à partir de ( 1ère édition) : 1800 € pour les 60 cm, 950 € pour les 40 cm, 360 € pour les 20 cm.

En résidence à Bangkok pendant deux mois, j’ai habité et travaillé dans le quartier chinois. Mon trajet logement-atelier me faisait fouler, plusieurs fois par jour, ces rues typiques où les ateliers-maisons se succèdent dans un alignement sans fin ; de petites échoppes mono-produit et très souvent tournées vers la mécanique. Chaque atelier-maison est constituée de la même façon : un étroit magasin en rez-de-chaussée intégralement ouvert sur la rue, au fond une cuisine rudimentaire, une douche et aux étages des dortoirs, installés de façon temporaire, mais permanent. Ainsi, ces familles-commerçants travaillent et vivent littéralement sous le nez des passants. La frontière entre sphères publique et privée est totalement effacée. Ils se livrent tel un spectacle dont leur atelier en est la scène. Et c’est bien cela qui m’a questionné. Vivre de cette façon est-ce réellement une nécessité ? Il est a noter que ces bâtiments sont pour la plupart insalubres, rongés par l’humidité (mousson) et générateurs de nombreuses maladies. Malgré tout, le quartier reçoit un flot incessant de touristes curieux d’un folklore endémique. Au fil des semaines, j’ai pu déceler qu’un autre choix était possible pour cette population, à tout le moins pour la jeune génération, mais qu’ils étaient sans doute pris dans le piège de la manne économique que représente l’occidental en quête d’atypisme.

Ma série vise à révéler cette ambivalence : attraction d’un univers authentique, maintien artificiel de cette authenticité (au péril de la santé des habitants) pour des raisons pécuniaires. Car si l’on observe Bangkok dans sa globalité, on note rapidement qu’elle a toutes les caractéristiques d’une mégalopole du 21e siècle et que ce quartier est resté figé dans le passé.

Après plusieurs semaines, habitués à mon passage quotidien, les habitants ont accepté que je les photographie sans mise en scène ou bien juste celle offerte naturellement par leur boutique.

Une à une, je les ai photographiées de façon frontale, sans détour. Marchant d’un pas rapide, dans ces rues, mon cerveau n’avait pas le temps de décomposer chaque atelier-boutique, il fusionnait les échoppes. J’ai voulu livrer cette sensation chaotique au regardeur en juxtaposant 3 espaces dans la même image et en manipulant la ligne de jonction pour donner l’illusion d’une vérité alors même que les échelles ne sont parfois pas respectées.

Ces vues panoramiques sont encadrées de trois bordures à motifs. Ces derniers sont issus de détails de l’image, grossis et multipliés pour évoquer le textile. Les tentures chinoises anciennes et les peintures sur tissu étaient encadrées de cette manière. Plus largement en Asie, ce type de cadre servait à donner de la valeur à une œuvre. Il s’agit ici de faire de même : mettre en valeur les boutiques, ces gens qui travaillent du lever au coucher, qui ne connaissent que l’intérieur de leur tableau (ils sortent très peu), qui jouent une pièce de théâtre perpétuelle et dont le passant est le spectateur. Le cadre crée une fenêtre sur ce petit théâtre qui donne une représentation quotidienne. Les panoramiques sont tirés sur tissu et font plus de 2 mètres de long. On peut, à loisir, allonger ou raccourcir son image, comme le rideau métallique que l’on tire pour fermer boutique, mais qui n’occulte pas l’intérieur.

L’esthétique du cadre, l’incongruité de ces boutiques renforcent l’aspect folklorique du sujet. Une fois passée cette attraction et dans une deuxième lecture, le spectateur est saisi par le désarroi et l’ennui de ces commerçants happés par le petit écran. L’étroitesse de leur boutique fait écho à l’étroitesse de leur vie, coincée dans le maintien d’une authenticité révolue, à rebours de la marche du temps pour offrir aux occidentaux le spectacle attendu. Cette série met également en cause la responsabilité du tourisme dans sa quête du sensationnel.

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