Pause longue - Autumn Time

Lors de ma résidence artistique à Tétouan, j’ai plongé dans les

méandres de cette ville énigmatique, un périple intérieur à la recherche des empreintes laissées par le temps et l’absence. Ma série «Pause Longue» est née de cette introspection : chaque photographie est une fenêtre ouverte sur les rues métamorphosées, un tableau vivant de souvenirs et de moments fugaces capturés avec délicatesse et audace.

À chaque pose longue, tenue souplement à main levée, je n’ai pas simplement fixé la lumière mais j’ai cherché à répondre à une interrogation universelle qui nous unissait tous : «Que s’est-il passé pour vous lors de ces confinements dûs à la pandémie de Corona virus ? Comment avez-vous vécu ces restrictions imposées?» Ce questionnement a tissé le fi l conducteur de mon oeuvre, une tentative de saisir l’essence changeante de Tétouan à travers les couleurs et les ombres qui s’animaient sous mon objectif.

Mon processus photographique commence par une capture libre, presque chaotique, qui évoque l’écriture automatique des surréalistes. Le hasard est mon complice essentiel, accueilli à bras ouverts dans chaque scène.

La série «Pause Longue», initiée à l’été 2022, que je nommerai «Pause longue Summer time» après trois ans d’absence du Maroc, est marquée par des contraintes délibérées. Je choisis une focale de 12mm

pour son ampleur, capturant une étendue maximale dans le cadre. La vitesse d’obturation fixée à 3,2 secondes est une constante que je m’impose, permettant ainsi une danse de lumière et de mouvement

sur le capteur.

Ce grand-angle ouvre un panorama où chaque élément à sa place. Par des mouvements tantôt doux, tantôt dynamiques, je modèle le flou de mouvement, laissant l’image se tordre et s’étirer au gré de mes

inspirations. L’appareil, rarement porté à l’oeil, trouve sa place à la hauteur de ma poitrine ou en extension de mes bras, cherchant des perspectives inédites, guidé par l’intuition du moment.

J’anticipe le cadre sans le voir, confi ante dans le tableau que je peins avec la lumière. La qualité technique de la prise initiale est secondaire pour moi; je chasse plutôt une essence, une matière première que je façonnerai ensuite dans l’atelier numérique. Les hasards heureux capturés sont des inspirations précieuses, des cadeaux de l’inattendu.

Dans la post-production, mon rôle se transforme: je deviens maître du hasard, le guidant avec expertise pour révéler la vision cachée derrière le voile des apparences initiales.

Cette approche me captive profondément et marque une évolution par rapport à mes séries précédentes, bien que certaines similitudes persistent. Rien ne vient du hasard, chaque étape s’inscrit dans une évolution constante, et aujourd’hui, je ressens une authenticité plus prononcée dans ma démarche artistique.

En somme, la série photographique «Pause Longue» est un hommage à la ville de Tétouan, à ses habitants, à ses histoires et à ses mémoires.

C’est un témoignage de l’importance de saisir ces moments éphémères pour les rendre éternels.

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